jeudi 14 janvier 2010

qui est contre l'interdiction du thon rouge ?



Le débat sur l’interdiction du thon rouge bat son plein…3 jours après la report de la décision française (la réunion inter-gouvernementale du 11 janvier n’a pas débouché sur un accord), les positions semblent claires : le Ministre de l’Agriculture est contre l’interdiction, tandis que la Ministre de l’Environnement est pour. Ce désaccord marque une ligne de front entre les pêcheurs, plutôt opposés à l’interdiction, et les ONG environnementales, qui sont farouchement pour.

Le thon rouge est-il vraiment en voie de disparition ? Sur la Toile, beaucoup de commentateurs affirment le contraire : aucune donnée scientifique ne prouverait le risque d’extinction et les ONG seraient partisanes, disent-ils. Pourtant les analyses scientifiques existent et la plupart Justifierd’entre elles n’émanent pas des ONG mais de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT).

L’ICCAT, organisation inter-gouvernementale créée en 1969, est très claire :

« Les résultats font à nouveau apparaître un fort déclin du stock reproducteur sur les 10 dernières années. Le schéma de sélectivité et les niveaux de mortalité par pêche actuels font que la mortalité par pêche est toujours de 3 à 3,4 fois supérieure à FMAX, ce qui conduirait le stock reproducteur à des niveaux très bas (~6% de la biomasse vierge), ce qui est considéré comme un fort risque d’effondrement du stock. (P.192 rapport Vol 2) » (rapport 2008/2009, Partie I volume 2, p… 192).

Première remarque : La mise en doute des études scientifiques n’est pas surprenante : Une partie de l’opinion publique ne fait plus confiance aux rapports scientifiques. Les affaires sur les OGM (Monsanto), les vaccins H1NI1, sur la vache folle ou le sang contaminé ont popularisé l’idée qu’un rapport scientifique est potentiellement un outil au service d’un groupe d’intérêt, et qu’au lieu d’être fiable et impartial, il est souvent manipulateur…

De notre point de vue, cette suspicion est légitime. Mais à l’heure de démêler le vrai du faux et de faire le tri entre les études indépendantes et les études partisanes, ce sont l’esprit critique et la méthode rationnelle qui doivent l’emporter (sur les sentiments et sur l’intérêt personnel).
Pour ce qui concerne le thon rouge, il nous semble que l’ICCAT est plutôt indépendante et qu’elle applique une méthode scientifique valide. Raison pour laquelle nous acceptons ses analyses et recommandations.

Au delà de l’analyse critique des données scientifiques, plusieurs points me semblent essentiels dans le débat sur le thon rouge :

1. On n’a rien trouvé de mieux pour préserver une espèce de poisson menacée que la fixation de quotas de pêche par espèce et par pays

2. La principale menace sur le thon rouge vient des bateaux braconneurs et de la pêche illégale, qui contournent les quotas

3. L’opposition des pêcheurs français à l’interdiction du thon s’explique par le fait qu’ils se sentent menacés dans leur existence…mais leur principal péril est ailleurs : c’est l’importation massive de poisson, souvent issus d’une pêche industrielle lointaine.

Le point 2 (braconnage et prises illégales) justifie à mon avis l’interdiction temporaire de la pèche au thon rouge.

Le point 3 (pêcheurs locaux en danger) nécessite une réflexion politique approfondie. Veut-on le maintien et l’essor de la pêcherie française ? Et l’avenir des pêcheurs français passe-t-il par le poisson d’élevage biologique et par la promotion d'une filière sauvage artisanale ? Les ONG et les pêcheurs pourraient peut-être trouver là un terrain d'entente.


Crédits image : ICCAT

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