mercredi 26 octobre 2011

un nouveau rapport accuse les OGM


OGM, the emperor with no clothes

"OGM, the emperor with no clothes", écrit l'ONG indienne Navdanya, co-auteur d'un nouveau rapport sur les OGM. Autrement dit, comme l'empereur du conte d'Andersen, les soit-disant beaux habits, les belles promesses des OGM (mettre fin à la faim dans le monde, réduire les pesticides chimiques, augmenter les revenus des agriculteurs) ne sont que du vent. A poil, la promesse des OGM ?

L'agenda de la crise globale est touffu comme une barbe de maïs et les OGM sont plutôt absents du débat, alors qu'ils constituent un "envahissement" qui continue, indubitable. C'est très étonnant.

Parmi les (quelques?) médias qui présentent ce nouveau rapport "Global Citizen Report", dévoilé le 18 octobre dernier par un collectif d'organisations de paysans et de chercheurs, il y a Actu environnement et le Guardian, qui précise que les auteurs du rapport sont 20 organisations représentant des millions de personnes. Le Guardian interviewe Nnimmo Bassey, directeur de l'ONG Friends of the Earth International, qui détaille les promesses non tenues par les graines génétiquement modifiées.

Quand Bill Gates et sa fondation financent les OGM

Le rapport fait suite à la publication un an plus tôt d'un autre rapport, sur l'agriculture en Afrique et, notamment, les biotechnologies. Intitulé The New harvest, il est écrit par le professeur de Harvard Calestous Juma et  financé par la Fondation Bill et Mélinda Gates. Que nous dit le chapitre consacré aux OGM (les autres chapitres que je n'ai pas lu, seraient d'un vif intérêt d'après certains) ? Presque le contraire de ce qu'affirment les 20 ONG.

" Les biotechnologies ont le potentiel de fournir des profits élevés et les moyens de fournir plus de nourriture à ceux qui sont dans le besoin en Afrique. Les OGM ont le potentiel d'augmenter considérablement la productivité des cultures, et les biotechnologies ont le potentiel de créer des variétés plus riches en éléments nutritifs".
Ou encore :

"The rapid adoption of GM crops seems to indicate that they offer great economic benefits for farmers. In general, farmers experience lower production costs and higher yields because weed control is cheaper and fewer losses are sustained from pests. GM crops are safer to handle than traditional chemical pesticides and herbicides, increasing worker safety and limiting the amount of time workers spend in the field".

Cette guerre de l'information serait juste amusante, s'il n'y avait pas déjà 80% de coton OGM aux USA, sans parler des autres ogm devenus majoritaires....Autrement dit, le potentiel est peut réel, en tant que potentialité, mais la réalité est celle d'une diffusion déjà massive, non démocratique et réalisée en l'absence d'études d'impact à long terme sur les écosystèmes.

En Afrique, les agences de développement comme l'américaine USAID et des ONG n'hésitent pas, apparemment, à continuer d'essayer de refourguer les graines Monsanto et consors... pour lutter contre la famine, sans se soucier des impacts sur les écosystèmes à long terme. Dernier état sur la liste (voir mes autres articles sur les OGM et les "super weed", ici et sur le blog animal-social.fr) : le Kenya où les agences de com ont déjà bien bassiné les fermiers sur les bienfaits théoriques du coton Bt.

Indéniablement, les OGM ne sont ni bons ni mauvais, mais en l'état des connaissances et des impacts observés, le principe de précaution devrait primer sur des nouvelles introductions. 

Alors, plutôt que de nationaliser les banques, ne faut-il pas confier Monsanto à la gouvernance des paysans et des consommateurs ?

vendredi 29 juillet 2011

Ces herbes qui résistent aux OGM : Palmer Amaranth



Voici la plus illustre des résistantes, j'ai nommé : Miss Palmer Amaranth. De la (vieille) famille des amarantes.

Palmer Amaranth, connue sous le nom de "careless pigweed" par l'US Department of Agriculture, est une herbe sauvage et comestible. Ses longues racines lui permettent de s'abreuver en profondeur et de résister à la sécheresse. Elle se passe très bien des engrais, de l'irrigation et des pesticides, ce qui démontre sa grande autonomie. Las ! Elle est un casse-tête pour les exploitants des OGM.

Evil Pigweed !
Depuis cette funeste année 2004 où un agriculteur de Georgia (in my mind) a découvert des plants de l'herbe au milieu d'un champs transgénique arrosé de Round Up, l'amarante palmée est devenue l'ennemie numéro 1 de la communauté pro-OGM aux Etats-Unis. Plutôt que de l'appeler : "negro" ou "communist" ou encore "arab terrorist", les agriculteurs l'appellent avec un tremblement dans la voix : Superweed, parce qu'elle a en une quinzaine d'années acquis des gènes de résistance à plusieurs pesticides, dont le glyphosate utilisé dans les OGM. Ils l'appellent aussi : "evil pigweed", littéralement : mauvaise herbe à cochon. Les amis des cochons s'en offusquent. D'autres y voient un compliment et rappellent les qualités nutritionnelles des amaranthes.

Une famille nombreuse, une vieille famille
Les quelques soixante espèces d'amaranthe l'ont fait apprécier sur tous les continents. Ainsi, les malais consomment ses feuilles qu'ils appelent Bayam, tandis que 'herbe est connue sous le nom de mchicha en swahili. Les Aztèques l'appelaient Huautli et voyaient en elle un aliment de choix et une plante sacrée. tout comme les Grecs, d'ailleurs puisque l'amaranthe, littéralement "qui ne flétrit pas" était associée à la Déesse Artémis et vue comme un symbole d'immortalité.

D'un point de vue généalogique, la famille de Miss Palmer est donc une très vieille famille. Des graines d'amaranthe, dont l'âge a été estimé à 5500 ans, ont été trouvées dans les grottes de Tehuacan Puebla au Mexique. Mangée encore aujourd'hui par les habitants des régions andines, l'amaranthe avait pourtant été interdite par la couronne d'Espagne, en raison de son importance dans la culture aztèque et de son association avec le Dieu Huitzilopochtli...


A suivre

Crédit photo : Aaron Hager

Sources : mother Jones, wikipedia, Atlas de biologie Stock

samedi 23 juillet 2011

Les OGM deviennent un casse-tête pour les agriculteurs du Midwest

Aux Etats-Unis, les « superweed », ces mauvaises herbes résistantes à plusieurs pesticides, se multiplient. Les rendements à l’hectare des OGM sont impactés à la baisse et les coûts d’exploitation augmentent, remettant en cause le modèle économique des OGM.

C’est devenu un casse-tête pour les utilisateurs d’OGM aux Etats-Unis. Selon les résultats de plusieurs études publiés dans le magasine américain Weed Science de juillet/septembre 2011, les mauvaises herbes résistantes aux herbicides comme le glyphosate (la molécule du Round-up utilisée dans la plupart des semences OGM de Monsanto) continuent de se déployer massivement dans les champs américains : 21 variétés d’adventices résistantes sont désormais recensées. Elles couvrent 11 millions d’acres, contre 2,5 millions en 2007. Encore plus inquiétant, plusieurs études, comme celles menées sur l’herbe Palmer Amaranth dans l’Etat de Géorgie, confirment que les advantices réussissent à développer des résistances multiples aux herbicides.

Les scientifiques parlent désormais de « super weeds »
pour qualifier ces herbes qui pourraient remettre en cause le modèle économique des OGM, puisqu’elles diminuent les rendements à l’hectare et augmentent les coûts d’exploitation pour les agriculteurs, obligés de faire appel à plus de main d’œuvre et de pratiquer la rotation des cultures.

"Le système n'est pas durable"
Pour le professeur Jason Norsworthy, membre de la très sérieuse WWSA, la Weed Science Society of America qui édite le magasine Weed Science, l’herbe "Palmer pigweed" par exemple élève le coût d’exploitation du coton de 19,45 dollars à l’acre. « La résistance impacte la valeur des terres et les pratiques de labour. Le système tel qu’il existe n’est pas durable », ajoute cet enseignant à l’Université d’Arkansas.

Plus étonnant, certains fabricants de pesticides remettent eux-même en question le modèle agricole OGM, à l’image de Bayer, qui écrit sur son site web :

«Les herbes résistantes au glyphosate continuent de se répandre à un taux exponentiel, à la fois géographiquement et en nombre d’espèces. Elles menacent la rentabilité et la soutenabilité des cultures. Les agriculteurs luttent pour gérer ces mauvaises herbes et doivent faire face à des coûts imprévus de nouveaux pesticides, d’une main d’œuvre intensive et de la destruction ou l’abandon des récoltes ».

Depuis 2010 Bayer déploie dans les campagnes US en 2010 son programme « Respect the Rotation », dont le principe est la diversification des herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes tolérantes au glyphosate. Une telle diversification profite bien sûr aux produits sans glyphosate de Bayer. Le laboratoire chimique se fait aussi l'avocat de la rotation des cultures chère à l’agriculture biologique et à la permaculture... Non pas pour favoriser l'humus , mais parce que "la rotation des cultures fournit une opportunité pour la diversité des herbicides", explique Bayer.

La suite de cet article ici

crédit photo : FlickR/Mabelsound


dimanche 22 mai 2011

My Farm : l' e-démocratie à la ferme

Lancée en mai 2011, l'initiative My farm est une première : 10 000 internautes sont invités à gérer collectivement une ferme de 1000 hectares située à 10 km de Cambridge, en Angleterre. Elle est la propriété du National Trust, une association à but non lucratif créée en 1895.

L'article qui présente cette expérience surprenante est à lire sur mon autre blog, animal social :

My Farm recrute 10 000 fermiers sur internet

http://lien-social.blogspot.com/2011/05/my-farm-recrute-10-000-fermiers-sur.html

samedi 16 octobre 2010

construire un Jardin de Cocagne














Comment se construit un projet de Jardin de Cocagne ?

Les jardins de Cocagne sont des exploitations maraîchères, en général biologiques, qui emploient des personnes en contrat d'insertion. Les produits sont vendus en circuits courts.

Venez lire mon enquête sur le Jardin de la Haute Borne, sur le blog www.animal-social.fr


Crédit Photo : Solidarités et initiatives

lundi 26 juillet 2010

La changement climatique au secours de la faim

On le sait, les premières victimes de la malnutrition sont les agriculteurs des pays du Sud. Ils ont d’autant plus de mal à vivre de leurs terres (en faisant ce qu’on appelle de l’agriculture vivrière ou de subsistance) que les exportateurs agricoles du Nord viennent les concurrencer, aidés par les règles libérales de l’OMC et par les subventions…ou bien ce sont les grandes firmes du Nord les poussent à pratiquer une monoculture d’exportation, qui les jettera sur le carreau (de l’exode rural) en cas de surproduction et de chute des prix trop sévère.

Et si la lutte contre le réchauffement climatique se révélait l’arme inattendue pour rééquilibrer la situation ?

Dans la foulée de la conférence de Copenhague sur le changement climatique, est né le Partenariat Mondial pour les Forêts tropicales. Cet accord appelé REDD prévoit un flux Nord -> Sud de 4 milliards de dollars pour des projets de reforestation. Mais comme l’a rappelé récemment le Centre d’Analyse Stratégique, la déforestation est causée en grande partie par…la demande des pays du Nord en produits agricoles, huile de palme, ou soja, et en agrocarburants. Vouloir replanter d’une main et acheter des tonnes d’huile de palme de l’autre, est pour le moins contradictoire et même, contreproductif.

Comme le pointe Sophie Fabrégat dans un récent article, « un des pré requis de la lutte contre la déforestation réside donc dans l'harmonisation des politiques commerciales ou agricoles des pays du Nord avec les politiques environnementales ».

Concrètement, il s’agirait dans le cadre du Partenariat REDD et en accord avec l’OMC, de favoriser davantage l’agriculture de subsistance en lieu et place des palmeraies à huile : idéalement, il s’agit bien sûr d’une polyculture d’inspiration biologique, avec quelques têtes de bétail et des arbres alentour : un système qui a fait ses preuves et qui reste encore marginal au Nord comme au Sud.

Courtesy image : UN-REDD


dimanche 11 juillet 2010

Un verre avec ou sans sulfites ?

Le 16 juin dernier, Bruxelles a créé la surprise en annonçant l’abandon du projet de règlement européen sur le vin certifié biologique. Raison invoquée : les états membres ne sont pas arrivés à se mettre d’accord sur la liste des additifs à proscrire. Pas d’accord en particulier sur la teneur maximale en sulfites. Mais les sulfites, à quoi ça sert ? Est-ce si dangereux pour la santé ?

Justifier
Des sulfites pour préserver le vin

Les sulfites sont des composés chimiques contenant des ions SO3, constitués d’atomes d’oxygène et de soufre (S). Naturellement présents dans le vin, les viticulteurs en ajoutent pour empêcher son oxydation. Ils jouent aussi le rôle d’antiseptique (contre les bactéries) et ils empêchent le vin de tourner…au vinaigre. Utilisés à des quantités variables, les sulfites se retrouvent à plus haute dose dans les vins blancs et rosés, où ils peuvent atteindre 210 mg/litre, contre 160mg (maximum autorisé) pour le vin rouge.

En théorie, le vin peut se prémunir tout seul contre l’oxydation et les bactéries, si les raisins étaient en bonne santé et cueillis avec soin (à la main), s’il est riche en alcool et en tanins et si sa conservation est optimale : au frais et à l’abri de la lumière. Dans la pratique, la plupart des viticulteurs, et même ceux qui font du vin biologique, y ont recours. Seule exception : un poignée de producteurs de "vin naturel".

Intolérance, ou allergie ?

La confusion est courante et il est fréquent de lire que les sulfites sont un allergène. C’est une erreur. L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) explique que les sulfites induisent un risque d’intolérance, qui se manifeste par une réaction inflammatoire. Celle-ci entraîne « des éternuements, des démangeaisons, de l’urticaire, des douleurs abdominales pouvant aller jusqu'à des manifestations plus sévères incluant une crise d’asthme », comme le précise le Professeur Nicolas de l’INSERM.

Et c’est d’ailleurs cette intolérance qui a motivé l’inscription, obligatoire depuis novembre 2005, de la mention « contient des sulfites » sur l'étiquette quand une bouteille en contient plus de 10mg/litre. Les personnes à risque sont surtout les asthmatiques et celles qui souffrent de la maladie de Fernand Vidal. Elles devront choisir un vin vieux, puisque les sulfites se dissipent avec l’âge. Ou opter pour un « vin naturel » sans sulfites ajoutés.

Et le goût ?

Meilleur goût, le vin sans sulfites ? Les partisans du vin naturel expliquent qu’il a une saveur distincte, plus authentique. Alexandre Gerbe, œnologue bio à Avignon, les juge « très aromatiques et très doux au niveau des tanins ». Mais pour Stéphane Derenoncourt, une des figures de la viticulture française, les vins naturels «manquent d’ossature, de corps et expriment une exacerbation aromatique de vins pas « finis » ». Alors, qu’en penser ? Goûtez vous-même !