lundi 29 mars 2010

Huiles : la palme à Casino

La semaine dernière, le groupe Casino annonçait sa décision de bannir l’huile de palme des produits de sa marque Casino. Devenue depuis peu la première huile produite dans le monde (devant l’huile de soja), l’huile de palme est largement utilisée dans les margarines, biscuits, biscottes, pâtisseries industrielles (croissants et autres) et plus largement dans la « junk food ». Et ce pour deux raisons : le palmier Elaeis guinenesis est le plus productif des végétaux à huile et celle-ci est donc la moins chère au monde…D'autre part, l'huile de palme est peu fluide (contrairement aux acides gras oméga 3 et 6) et reste solide jusqu’à 55° C, ce qui la rend très « machinable » pour l’industrie alimentaire.

Revers de la médaille : la monoculture du palmier à huile, qui a explosé depuis 20 ans en Malaisie et en Indonésie, a détruit des millions d’hectares de forêt tropicale, hauts-lieu de biodiversité mondiale. D’autre part sur le plan de la santé humaine, l’huile de palme est très riche en acides gras saturés (environ 50%), qui sont une des causes de surpoids et de risque cardio-vasculaire.

La décision de Casino est donc une excellente nouvelle et on peut espérer que les autres chaînes de distribution fassent la même chose.

Etonnant : sur le site du Cirad, centre français para-public dédié à l’agriculture tropicale, on trouve un véritable plaidoyer à contre-courant pour l’huile de palme, plaidoyer qui s’appuie sur l’extraordinaire productivité en huile du palmier (incontestable) et sur sa…qualité nutritionnelle:

« Des propriétés spécifiques et une qualité nutritionnelle irréprochable : L’huile de palme se comporte comme les huiles de maïs, tournesol, soja ou colza, riches en acides gras essentiels. »

Pourtant les acides gras essentiels, qui sont les oméga 3 et 6, ne sont présents qu’à hauteur de 8% dans l’huile de palme, ce qui fait d’elle la moins riche en acides gras essentiels avec l’huile de coco ! Et comme on l’a précisé plus haut, la haute teneur de cette huile en acides gras saturés (50%, un record) en fait un facteur d’obésité et de maladie cardiovasculaire largement reconnu. Le Cirad passe ce fait sous silence et la compare à des huiles (colza, tournesol) dont la teneur en acides gras est très différente.

Manipulation ? Non, ça doit être un rédacteur stagiaire qui s'est emmêlé les pinceaux :=)


source :

http://www.cirad.fr/publications-ressources/science-pour-tous/dossiers/palmier-a-huile/ce-qu-il-faut-savoir/transformation



dimanche 7 mars 2010

Entremont : la crise du lait

Lu dans le Parisien ce dimanche : le groupe Sodiaal serait sur le point de reprendre Entremont. Entremont, la principale coopérative laitière de Bretagne, est en grande difficulté financière, « depuis la chute des cours du beurre et du lait en poudre » disent les journalistes.

Or Sodiaal, qui distribue le lait Candia, est elle aussi une coopérative. Dans la reprise proposée, chaque producteur laitier devrait apporter 2000€ par an pendant 5 ans au capital de la nouvelle entité. Apparemment, les producteurs de lait sont plutôt d’accord.

On se réjouit de voir Entremont sauvée (5000 producteurs de lait concernés), sans que le secteur coopératif en patisse. Mais plusieurs questions viennent à l’esprit à propos de cette affaire, des questions de bon sens qui n'ont pas vraiment été creusées par les médias (au vu des recherches que j'ai pu faire, et sauf erreur de ma part :=).

question 1. Pourquoi les cours du beurre et du lait en poudre baissent-ils ?

A priori, ce ne sont pas les hausses des personnes allergiques ou intolérantes au lait qui l’expliquent ! Ni la fronde des lacto-sceptiques, si ingénieux à trouver d'autres sources de protéines et de calcium.

question 2. Combien cela coûterait-il de transformer la filière lait bretonne (qui représente 20% de la production française) en lait certifié biologique ? Cette question est importante car il semble y avoir consensus désormais sur l'avantage du lait bio en terme de santé publique (et je ne parle pas des avantages pour l'environnement).

question 3. Le lait doit-il être considéré comme un aliment stratégique, au même titre que l’eau ? Doit-il être géré, comme le demandent les producteurs européens du European Milk board, par un Office public européen du lait qui fixerait les prix ? Voir, pour éviter les distorsions entre grandes zones de production mondiales, par un Office international du lait ?

question 4. Produit-on trop de lait de vache en France et en Europe ?

Questions épineuses, qui à l’évidence mériteraient d’être débattues par le plus grand nombre…