lundi 26 juillet 2010

La changement climatique au secours de la faim

On le sait, les premières victimes de la malnutrition sont les agriculteurs des pays du Sud. Ils ont d’autant plus de mal à vivre de leurs terres (en faisant ce qu’on appelle de l’agriculture vivrière ou de subsistance) que les exportateurs agricoles du Nord viennent les concurrencer, aidés par les règles libérales de l’OMC et par les subventions…ou bien ce sont les grandes firmes du Nord les poussent à pratiquer une monoculture d’exportation, qui les jettera sur le carreau (de l’exode rural) en cas de surproduction et de chute des prix trop sévère.

Et si la lutte contre le réchauffement climatique se révélait l’arme inattendue pour rééquilibrer la situation ?

Dans la foulée de la conférence de Copenhague sur le changement climatique, est né le Partenariat Mondial pour les Forêts tropicales. Cet accord appelé REDD prévoit un flux Nord -> Sud de 4 milliards de dollars pour des projets de reforestation. Mais comme l’a rappelé récemment le Centre d’Analyse Stratégique, la déforestation est causée en grande partie par…la demande des pays du Nord en produits agricoles, huile de palme, ou soja, et en agrocarburants. Vouloir replanter d’une main et acheter des tonnes d’huile de palme de l’autre, est pour le moins contradictoire et même, contreproductif.

Comme le pointe Sophie Fabrégat dans un récent article, « un des pré requis de la lutte contre la déforestation réside donc dans l'harmonisation des politiques commerciales ou agricoles des pays du Nord avec les politiques environnementales ».

Concrètement, il s’agirait dans le cadre du Partenariat REDD et en accord avec l’OMC, de favoriser davantage l’agriculture de subsistance en lieu et place des palmeraies à huile : idéalement, il s’agit bien sûr d’une polyculture d’inspiration biologique, avec quelques têtes de bétail et des arbres alentour : un système qui a fait ses preuves et qui reste encore marginal au Nord comme au Sud.

Courtesy image : UN-REDD


dimanche 11 juillet 2010

Un verre avec ou sans sulfites ?

Le 16 juin dernier, Bruxelles a créé la surprise en annonçant l’abandon du projet de règlement européen sur le vin certifié biologique. Raison invoquée : les états membres ne sont pas arrivés à se mettre d’accord sur la liste des additifs à proscrire. Pas d’accord en particulier sur la teneur maximale en sulfites. Mais les sulfites, à quoi ça sert ? Est-ce si dangereux pour la santé ?

Justifier
Des sulfites pour préserver le vin

Les sulfites sont des composés chimiques contenant des ions SO3, constitués d’atomes d’oxygène et de soufre (S). Naturellement présents dans le vin, les viticulteurs en ajoutent pour empêcher son oxydation. Ils jouent aussi le rôle d’antiseptique (contre les bactéries) et ils empêchent le vin de tourner…au vinaigre. Utilisés à des quantités variables, les sulfites se retrouvent à plus haute dose dans les vins blancs et rosés, où ils peuvent atteindre 210 mg/litre, contre 160mg (maximum autorisé) pour le vin rouge.

En théorie, le vin peut se prémunir tout seul contre l’oxydation et les bactéries, si les raisins étaient en bonne santé et cueillis avec soin (à la main), s’il est riche en alcool et en tanins et si sa conservation est optimale : au frais et à l’abri de la lumière. Dans la pratique, la plupart des viticulteurs, et même ceux qui font du vin biologique, y ont recours. Seule exception : un poignée de producteurs de "vin naturel".

Intolérance, ou allergie ?

La confusion est courante et il est fréquent de lire que les sulfites sont un allergène. C’est une erreur. L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) explique que les sulfites induisent un risque d’intolérance, qui se manifeste par une réaction inflammatoire. Celle-ci entraîne « des éternuements, des démangeaisons, de l’urticaire, des douleurs abdominales pouvant aller jusqu'à des manifestations plus sévères incluant une crise d’asthme », comme le précise le Professeur Nicolas de l’INSERM.

Et c’est d’ailleurs cette intolérance qui a motivé l’inscription, obligatoire depuis novembre 2005, de la mention « contient des sulfites » sur l'étiquette quand une bouteille en contient plus de 10mg/litre. Les personnes à risque sont surtout les asthmatiques et celles qui souffrent de la maladie de Fernand Vidal. Elles devront choisir un vin vieux, puisque les sulfites se dissipent avec l’âge. Ou opter pour un « vin naturel » sans sulfites ajoutés.

Et le goût ?

Meilleur goût, le vin sans sulfites ? Les partisans du vin naturel expliquent qu’il a une saveur distincte, plus authentique. Alexandre Gerbe, œnologue bio à Avignon, les juge « très aromatiques et très doux au niveau des tanins ». Mais pour Stéphane Derenoncourt, une des figures de la viticulture française, les vins naturels «manquent d’ossature, de corps et expriment une exacerbation aromatique de vins pas « finis » ». Alors, qu’en penser ? Goûtez vous-même !