vendredi 29 juillet 2011

Ces herbes qui résistent aux OGM : Palmer Amaranth



Voici la plus illustre des résistantes, j'ai nommé : Miss Palmer Amaranth. De la (vieille) famille des amarantes.

Palmer Amaranth, connue sous le nom de "careless pigweed" par l'US Department of Agriculture, est une herbe sauvage et comestible. Ses longues racines lui permettent de s'abreuver en profondeur et de résister à la sécheresse. Elle se passe très bien des engrais, de l'irrigation et des pesticides, ce qui démontre sa grande autonomie. Las ! Elle est un casse-tête pour les exploitants des OGM.

Evil Pigweed !
Depuis cette funeste année 2004 où un agriculteur de Georgia (in my mind) a découvert des plants de l'herbe au milieu d'un champs transgénique arrosé de Round Up, l'amarante palmée est devenue l'ennemie numéro 1 de la communauté pro-OGM aux Etats-Unis. Plutôt que de l'appeler : "negro" ou "communist" ou encore "arab terrorist", les agriculteurs l'appellent avec un tremblement dans la voix : Superweed, parce qu'elle a en une quinzaine d'années acquis des gènes de résistance à plusieurs pesticides, dont le glyphosate utilisé dans les OGM. Ils l'appellent aussi : "evil pigweed", littéralement : mauvaise herbe à cochon. Les amis des cochons s'en offusquent. D'autres y voient un compliment et rappellent les qualités nutritionnelles des amaranthes.

Une famille nombreuse, une vieille famille
Les quelques soixante espèces d'amaranthe l'ont fait apprécier sur tous les continents. Ainsi, les malais consomment ses feuilles qu'ils appelent Bayam, tandis que 'herbe est connue sous le nom de mchicha en swahili. Les Aztèques l'appelaient Huautli et voyaient en elle un aliment de choix et une plante sacrée. tout comme les Grecs, d'ailleurs puisque l'amaranthe, littéralement "qui ne flétrit pas" était associée à la Déesse Artémis et vue comme un symbole d'immortalité.

D'un point de vue généalogique, la famille de Miss Palmer est donc une très vieille famille. Des graines d'amaranthe, dont l'âge a été estimé à 5500 ans, ont été trouvées dans les grottes de Tehuacan Puebla au Mexique. Mangée encore aujourd'hui par les habitants des régions andines, l'amaranthe avait pourtant été interdite par la couronne d'Espagne, en raison de son importance dans la culture aztèque et de son association avec le Dieu Huitzilopochtli...


A suivre

Crédit photo : Aaron Hager

Sources : mother Jones, wikipedia, Atlas de biologie Stock

samedi 23 juillet 2011

Les OGM deviennent un casse-tête pour les agriculteurs du Midwest

Aux Etats-Unis, les « superweed », ces mauvaises herbes résistantes à plusieurs pesticides, se multiplient. Les rendements à l’hectare des OGM sont impactés à la baisse et les coûts d’exploitation augmentent, remettant en cause le modèle économique des OGM.

C’est devenu un casse-tête pour les utilisateurs d’OGM aux Etats-Unis. Selon les résultats de plusieurs études publiés dans le magasine américain Weed Science de juillet/septembre 2011, les mauvaises herbes résistantes aux herbicides comme le glyphosate (la molécule du Round-up utilisée dans la plupart des semences OGM de Monsanto) continuent de se déployer massivement dans les champs américains : 21 variétés d’adventices résistantes sont désormais recensées. Elles couvrent 11 millions d’acres, contre 2,5 millions en 2007. Encore plus inquiétant, plusieurs études, comme celles menées sur l’herbe Palmer Amaranth dans l’Etat de Géorgie, confirment que les advantices réussissent à développer des résistances multiples aux herbicides.

Les scientifiques parlent désormais de « super weeds »
pour qualifier ces herbes qui pourraient remettre en cause le modèle économique des OGM, puisqu’elles diminuent les rendements à l’hectare et augmentent les coûts d’exploitation pour les agriculteurs, obligés de faire appel à plus de main d’œuvre et de pratiquer la rotation des cultures.

"Le système n'est pas durable"
Pour le professeur Jason Norsworthy, membre de la très sérieuse WWSA, la Weed Science Society of America qui édite le magasine Weed Science, l’herbe "Palmer pigweed" par exemple élève le coût d’exploitation du coton de 19,45 dollars à l’acre. « La résistance impacte la valeur des terres et les pratiques de labour. Le système tel qu’il existe n’est pas durable », ajoute cet enseignant à l’Université d’Arkansas.

Plus étonnant, certains fabricants de pesticides remettent eux-même en question le modèle agricole OGM, à l’image de Bayer, qui écrit sur son site web :

«Les herbes résistantes au glyphosate continuent de se répandre à un taux exponentiel, à la fois géographiquement et en nombre d’espèces. Elles menacent la rentabilité et la soutenabilité des cultures. Les agriculteurs luttent pour gérer ces mauvaises herbes et doivent faire face à des coûts imprévus de nouveaux pesticides, d’une main d’œuvre intensive et de la destruction ou l’abandon des récoltes ».

Depuis 2010 Bayer déploie dans les campagnes US en 2010 son programme « Respect the Rotation », dont le principe est la diversification des herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes tolérantes au glyphosate. Une telle diversification profite bien sûr aux produits sans glyphosate de Bayer. Le laboratoire chimique se fait aussi l'avocat de la rotation des cultures chère à l’agriculture biologique et à la permaculture... Non pas pour favoriser l'humus , mais parce que "la rotation des cultures fournit une opportunité pour la diversité des herbicides", explique Bayer.

La suite de cet article ici

crédit photo : FlickR/Mabelsound